jeudi 22 janvier 2015

Anne Percin "Les singuliers"


Anne Percin est a écrit deux romans publiés dans la collection La Brune au Rouergue. Elle est également auteur pour le jeunesse, notamment de la trilogie très drôle Comment bien rater ses vacances, à conseiller à des ados.

Les Singuliers est un roman épistolaire où l'on découvre la correspondance entre Hugo Boch et son entourage, notamment Hazel sa cousine et Tobias son meilleur ami d'enfance, tous trois, rapins, issus de la bourgeoisie belge de la fin du XIXe siècle.

Le père de Hugo est à la tête des faïences Villeroy & Boch. Hugo part à Pont-Aven rejoindre la communauté de peintres qui y réside, véritable acte de rébellion vis-à-vis de son père qui le destinait aux arts décoratifs pour devenir peintre sur faïence dans l'entreprise familiale.
Hazel est élève à l'académie Jullian à Paris. Au fil de ses lettres, on découvre ses revendications féministes très avant-gardistes.

La correspondance de ces jeunes gens rend compte d'une époque qui connaît de grands bouleversements : la grève des ouvriers pendant la construction de la Tour Eiffel en vue de l'exposition universelle de 1889, les meurtres à Londres commis par Jack l'éventreur, la grippe qui sévit en Europe à l'hiver 1890-1891.
On plonge dans le milieu artistique bouillonnant de l'époque à travers des personnages fictifs et réels comme Van Gogh et Gauguin auxquels Anne Percin rend un bel hommage. On apprend quelques anecdotes : saviez-vous que Gauguin, avant d'être le peintre que l'on connaît fut banquier et marin ? 
Ces échanges de lettres amènent une vraie réflexion sur la peinture : les sujets choisis, la nudité, la place des femmes, la reconnaissance par ses pairs.

Hugo, Hazel et Tobias sont singuliers dans leur émancipation, dans leur point de vue sur l'art. Ils veulent affirmer un style nouveau, se détacher de l'académisme, des impressionnistes, "ils sont de cette avant-garde qui veut peindre autrement, voir autrement et vivre autrement". Anne Percin dresse le portrait d'une jeunesse fougueuse en proie à ses doutes, intemporelle et universelle.