dimanche 21 décembre 2014

Sarah Turoche-Dromery "Martin gaffeur tout-terrain"


Un nouveau titre de la très bonne collection "En voiture Simone" chez Thierry Magnier.

Martin 16 ans et son frère Sam 13 ans vont rejoindre leurs parents à Rome pour le mariage de leur cousin. 
Martin, comme le titre du livre l'indique est le roi de la gaffe, il a l'art de toujours se mettre dans des situations trèèès compliquées ! Les galères commencent dès le premier jour avec quelques ratés sur le départ en avion puis ils enchaînent les problèmes : perte de leurs bagages, soirée techno-gothico glauque, accident de voiture... Arriveront-ils à temps au mariage ? Ce court roman de 90 pages est hilarant, à lire dès 10 ans et plus car il plaira sans nul doute aux plus grands.

Sam et Martin se rendent à toute berzingue à l'aéroport d'Orly prendre leur avion, petit extrait :

"On se faufile au milieu des touristes et on se place dans la queue de l'Orlybus. Je jette un œil à ma montre. Ça va. L'embarquement se termine d'ici cinquante minutes et le temps du trajet est estimé à une demi-heure. sans embouteillage. Je réfléchis quand à prendre le RER B puis l'Orlyval. Tiens, au fait, c'est Orly Sud ou Orly Ouest notre terminal ?
-Martin ? C'est quel terminal ?
Il sort les billets. Il y a un peu de sang séché sur la pochette.
-Attends, je regarde.
c'est notre tour. Martin déchiffre les indications sur le billet comme si c'était écrit en chinois. Le chauffeur s'impatiente. Je lui adresse un sourire complice pour bien lui signifier que je ne suis ni responsable ni totalement solidaire de l'énergumène derrière moi, quand :
-Stop !
Mon frère m'attrape le bras.
-Qu'est-ce qu'il y a encore ?
-C'est pas Orly. Je me suis gouré.
-Comment ça c'est pas Orly ?
-Non, c'est Roissy. Je me suis trompé d'aéroport.
-Mais t'es vraiment un crétin des Alpes ! j'explose.
-Crétin toi-même ! me renvoie Martin. Parce que toi tu as vérifié peut-être, adjudant chef de mes deux !
-Et c'est qui le "Grand Voyageur", le "Pro de la Route ?"

jeudi 20 novembre 2014

Nadine Robert et Gwendal Le Bec "Le vaillant petit gorille"





Le titre de ce livre m'a tout de suite fait penser à l'album que j'aime beaucoup Trois courageux petits gorilles de Michel Van Zeveren. Prenant son courage à deux mains, chacun des petits gorilles va tour à tour quitter le lit commun pour voir d'où viennent les bruits inquiétants perçus depuis leur chambre douillette. Ils vont tous finir... dans le lit des parents !


Dans l'histoire de Nadine Robert, il est bien sûr question de courage et d'autonomie mais aussi de transmission, de responsabilisation, de confiance, d'entraide, d'injustice et de mise en accusation infondée. Autant de thèmes forts contenus en quelques lignes traités de façon très abordable et intelligente.

Grand-père gorille était autrefois le plus fort de la forêt, mais il a vieilli. Heureusement, il peut compter sur son vaillant petit gorille pour aller chercher les trois œufs mis de côté par la grue. 
Très fier de la mission qui lui a été confiée, petit gorille fait au mieux pour ne pas casser les œufs en chemin, l'autruche lui propose quelques unes de ses plumes pour protéger ses œufs. Très vite, il est suivi par Vervet qui l'accuse d'avoir volé les œufs à la grue, puis par Bonobo qui l'accuse d'avoir arraché les plumes de l'autruche puis par Mandrill et Chimpanzé... Une histoire en randonnée avec accumulation bien rythmée à découvrir d'urgence ! Mention spéciale pour les illustrations à la peinture de Gwendal Le Bec, dont le magnifique portrait de gorille en couverture très réussi.

A partir de 4 ans



jeudi 4 septembre 2014

Joseph Kessel "Les mains du miracle"



Dans ce récit, Joseph Kessel retrace la relation particulière qu'entretenait Himmler, chef des SS avec son médecin Félix Kersten.

Le livre débute par le parcours étonnant de cet homme que rien ne destinait à la médecine. Issu d'un milieu bourgeois aisé, il vit une enfance heureuse et choyée dans son Estonie natale qu'il quitte pour entrer dans une école agronome allemande. Lorsque la première guerre mondiale éclate, il devient sous-officier dans l'armée finnoise. Détestant l'armée et n'ayant aucune terre pour exercer ses fonctions d'agronome, Félix Kersten choisit de se diriger vers la médecine et plus particulièrement vers le massage. Pourvu de larges mains charnues et d'une grande sensibilité au bout des doigts, sa destinée le conduit vers le docteur Kô, médecin-lama, expert en sciences de guérison chinoise et tibétaine, venu en Allemagne pour se former à la médecine occidentale. Pendant trois années, le jeune Kersten devient son élève. N'ayant aucune source de revenu, il exerce différents petits boulots pour subvenir à ses besoins et poursuivre ses études. Au bout de ces trois années, le docteur Kô regagne le Tibet et lègue à son disciple son portefeuille de clients. De par sa formation atypique, sa grande bonté et les résultats étonnants qu'il obtient, le docteur Kersten connaît un vif succès, il compte même de grands industriels et certaines personnalités telles que la reine de Hollande parmi ses patients.

Fin 1938, un ami et patient du docteur lui demande d'examiner Heinrich Himmler, refusant dans un premier temps, il finit par consentir à le voir. Le chef SS souffre d'atroces maux d'estomac qu'aucun médecin ne parvient à lui soigner. Kersten masse et soulage Himmler devenant ainsi le docteur miracle du Reichsführer. Ce dernier fait appel de plus en plus régulièrement à lui et le fait même suivre dans ses déplacements. Les séances de massage se déroulent dans la plus stricte intimité, le docteur est à chaque fois seul avec Himmler. Vulnérable dans la douleur et dépendant des doigts d'or de son bon docteur, Himmler accorde sa pleine confiance à Kersten qui saisit cette opportunité pour demander la libération de prisonniers, l'annulation de déportations, de condamnations à mort... Au fil des années, le médecin conscient de sa capacité à influer sur les décisions du chef SS sauve des millions de personnes de la barbarie nazie.
Un personnage trop méconnu de l'histoire qui méritait d'être mis en lumière, Kessel a rendu compte de cette histoire incroyable en 1960. Les mains du miracle n'a été réédité que cette année par Gallimard. A lire de toute urgence, livre magistral !

"Kersten, à qui plus d'une fois, Himmler avait fait confidence de ses rêves, les mit au service de ses desseins. Il le fit d'abord avec précaution, par crainte de dépasser la mesure. Mais il s'aperçoit très vite que, tout en se défendant pour la forme, Himmler était heureux de l'entendre. De douce violence en douce violence à la vanité du Reichsführer, Kersten finit par lui dire avec cette intonation persuasive que les psychiatres emploient pour les fous :
- On parlera de vous dans les siècles à venir comme du plus grand chef de la race allemande, comme d'un héros de la Germanie, l'égal des anciens chevaliers, l'égal de Henri l'Oiseleur. Mais souvenez-vous qu'ils ne devaient leur gloire à leur seule force et au seul courage. Ils la devaient aussi à leur justice et à leur générosité. Pour ressembler vraiment à ces paladins, à ces preux, il faut être, comme ils l'étaient, magnanime. En parlant de la sorte, Reichsführer, je pense à vous, dans les siècles de l'Histoire.
Et  Himmler, qui avait une confiance absolue dans les mains de Kersten parce qu'elles avaient su deviner et apaiser son mal physique, accordait foi, maintenant, à ses louanges, car elles découvraient et calmaient en même temps son mal psychique.
- Cher monsieur Kersten, disait-il, vous êtes mon seul ami, mon Bouddha, le seul qui sache me comprendre aussi bien que me soigner."



dimanche 17 août 2014

Lucia Puenzo "Wakolda"



1959. Argentine. Josef, un médecin nazi poursuivi par le Mossad fuit Buenos Aires, direction la Patagonie. Sur la route, il rencontre une famille qui part s'installer dans le sud pour reprendre une pension de famille à Bariloche. A la manière de Lolita de Nabokov, une relation mêlant séduction et perversité s'instaure entre Josef et la fille aînée, une pré-ado de 12 ans, atteinte de nanisme; une différence qui attire et fascine l'homme de façon malsaine de même que la grossesse de sa mère, enceinte de son quatrième enfant. 
A force de manipulation et de persuasion, le médecin obtient leur consentement et finit par les rendre à la fois complices et victimes d'horribles actes médicaux qu'ils exercent sur elles deux. Lilith et sa mère deviennent ses souris de laboratoire, de même que ses victimes sous l'Allemagne nazie. 

Si le début du roman est un peu lent comme pour accentuer la longue traversée du désert vers la Patagonie en voiture, patientez car au fil des pages se révèle une histoire bouleversante et dérangeante, Lucia Puenza décrit l'horreur avec pudeur, une lecture dont on ne ressort pas indemne.

Lilith ne détachait pas ses yeux du cahier. 
-C'est quoi ces dessins ?
-Quels dessins ? 
-Ceux de votre cahier.
Sa curiosité était trop forte. Lilith s'était dévoilée entièrement, car l'Allemand ne sortait jamais de sa chambre sans fermer la porte à clé. Et son cahier restait toujours dans le tiroir du secrétaire. 
-Comment sais-tu qu'il y a des dessins là-dedans ?
-Je les ai vus.
-Tu as la clé de cette pièce ?
-Non.
-Alors comment es-tu entrée ?
Lilith montra la fenêtre d'un signe de tête, le défiant du regard. Audacieuse, pensa Josef, enchanté par sa hardiesse . Il la punirait plus tard. 
-Qu'as-tu vu ?
-Je nous ai vus, nous... Ma famille.
 
Lucia Puenza est une écrivaine et réalisatrice argentine, elle a adapté son roman au cinéma sous le titre français Le médecin de famille dont voici la bande-annonce.

A écouter le reportage Des nazis en Patagonie de l'émission Interception sur France inter
L'article wikipédia sur le médecin nazi Josef Mengele connu sous le surnom d'Ange de la mort qui a inspiré ce roman

lundi 28 juillet 2014

Céline Claire et Clémence Pollet "Loup un jour"


Lorsque le loup souffle sur la maison de Petit Cochon, celui-ci pense sa dernière arrivée, mais le loup ne le dévore pas, il lui prend simplement quelques branchages. De même, avec la marmite qu'il emprunte à Grand Cochon ou la tablette de chocolat qu'il pique à Pierre. Que va faire le loup de tout cela ? Sur son chemin, le loup croise également un meunier, le Petit Chaperon rouge, une chèvre... 

Cela vous rappelle quelque chose et à première vue, ne vous semble pas très original ? Ne vous y méprenez pas, cet album est bel et bien une réussite. Le texte est bien rythmé, les illustrations stylisée de Clémence Pollet mettent en scène un loup dont on ne voit qu'un sombre pelage menaçant sur de pleines pages. La chute de l'histoire est terrible... Un indice ? Lisez la quatrième de couverture.

A partir de 5 ans.








samedi 31 mai 2014

Susin Nielsen "Le journal malgré lui de Henry K. Larsen


Henry voit régulièrement Cécil, son psychologue depuis que ÇA s'est passé. ÇA est un terrible évènement qui a provoqué un cataclysme dans la famille de Henry. Cécil est un gros nul au look affreux à qui Henry est obligé de parler, il s'adresse donc à lui avec sa voix de robot : ""Je-ne-sais-pas. De-quoi-vous-parlez. Espèce d'humanoïde." Alors il [Cécil] finit par battre en retraite."
Son psy lui propose alors d'écrire dans un cahier. C'est à la lecture de ce cahier que l'on découvre l'horreur du drame qui a eu lieu et ses conséquences pour Henry et ses parents.

Ce roman m'a fait penser à Faire le mort de Stefan Casta ou Passer au rouge de Hélène Vignal. Susin Nielsen aborde ici des thèmes difficiles avec réalisme mais sans pathos, les personnages loin d'être idéalisés sont crédibles et très attachants. Les personnages secondaires trouvent toute leur place dans ce roman, ils vont être, chacun à leur manière, d'un grand soutien pour notre héros en souffrance, car Henry ne trouve pas toujours le réconfort attendu auprès de ses parents, eux-même en lutte contre leurs démons. Ne pas s'en tenir aux faits mais tenter de comprendre pourquoi et comment on en arrive là. Comment gérer la culpabilité ressentie ? Comment porter un acte que l'on n'a pas commis mais auquel tout le monde vous relie ? Susin Nielsen parle de tout cela avec brio.
Roman à partir de 14 ans.

dimanche 18 mai 2014

Kathryn Littlewood "La pâtisserie Bliss"



Fan de Charlie et la chocolaterie ou de la série Madame Pamplemousse, ce livre est pour vous !

Bienvenue à la pâtisserie du couple Bliss et de leur quatre enfants; une pâtisserie hors du commun abritant entre ses murs Le livre de recettes magiques des Bliss pour préparer une mousse pour enfants obéissants, un gâteau aux carottes pour faire démarrer les entreprises ou encore des cookies de la vérité. Toutes ces recettes nécessitent, pour leur réalisation des ingrédients très spéciaux et une connaissance de la magie. En toute discrétion, le couple Bliss œuvre auprès des habitants de Calamity Falls en vendant et en offrant toutes sortes de gâteaux réparant les maux des uns et des autres. 
Un jour, les parents doivent quitter précipitamment la pâtisserie pour venir en aide à une ville voisine atteinte d'un virus, les enfants gèrent alors le magasin en véritables apprentis-magiciens avec quelques essais pâtissiers ratés semant la pagaille dans la ville tout en faisant face à une menace qui plane sur le précieux livre familial.

Une pointe d'aventure, un saupoudrage de fantaisie et de drôlerie pour une recette merveilleuse en des contrées sucrées, la pâtisserie Bliss est un enchantement. A la manière des romans de Roald Dahl ou plus récemment de David Walliams (Joe millionnaire), la gourmandise, la surréalisme et l'humour ont une place prépondérante, les personnages sont caricaturés, les enfants pleinement innocents sont préservés des défauts des adultes.

2 tomes parus à ce jour. Dès 9 ans.

"Gâteau au pavot rouge 
A la recherche des objets perdus 

En l'an de grâce 1518, sur l'Ile aux Ecumes, en Ecosse, Lady Gresnil Bliss, arborant son tablier rouge, aida Lord Fallon O'Lechnod, l'éternel distrait, à retrouver sa cape. "Elle est incrustée de rubis et doublée de fourrure de furet ! Je l'ai égarée il y a deux semaines. C'est un coup de mes ennemis", lui avait déclaré Lord Fallon. Lady Bliss lui confectionna ces gâteaux, et en les mangeant, Lord Fallon se rappela avoir posé sa précieuse cape sur sa chaise lors d'un dîner chez l'archevêque Pierrod deux semaines plus tôt.

- Mais qu'est-ce que ça veut dire, tout ça ? demanda Origan.
Oliver se tourna vers son petit frère.
- Ça veut dire arrière-arrière-arrière-arrière grand-ché-pas-quoi a aidé un homme riche à se rappeler qu'il avait oublié son manteau à un dîner.
Oliver poursuivit tandis que Rose écrivait frénétiquement dans son cahier.

Gresnil Bliss mit deux poignées de farine aussi pure que de la neige dans un saladier en bois, cassa un œuf de poule dans la farine et perça le jaune d'or avec le petit doigt de sa main GAUCHE en chuchotant trois fois "Oublietto Desoletto".
Puis elle mélangea une cupule de graines noires à une cuillerée de lait de vache en murmurant "Souviendo Reviendo". Elle versa le lait sur la farine et fit tourner cinq fois la cuillère en fer dans le sens des aiguilles d'une montre. Après voir saupoudré la mixture de salive d'éléphant, elle souffla dessus. Pour finir, au centre de chaque gâteau, elle plaça un pétale de coquelicot. 

Cela continuait ainsi pendant un moment.

Il soufflait un vent du nord. Elle enfourna les gâteaux dans un four CHAUD comme sept flammes, le TEMPS  de six chansons, puis les servit à Lord Fallon O'Lechnod. Une lueur verte brilla dans les yeux du Lord. Il se rendit chez l'archevêque. Sa cape y était.

-J'ignorais que les recettes étaient... comme ça, remarqua Rose.
Elle parcourut ses notes.
-Une cupule de graines noires ? Chaud comme sept flammes ? Le temps de six chansons. Je n'ai aucune idée de ce que ces mesures signifient.
Elle regarda ses frères d'un air désespéré."

vendredi 18 avril 2014

Barral "Mon pépé est un fantôme"


Le pépé de Napoléon vient de mourir. Pendant la veillée funèbre, le fantôme de pépé apparait devant Napoléon mais lui seul peut le voir. Les ancêtres de Pépé lui ont confié une mission : il doit veiller sur son petit-fils et faire de lui et ses parents, une famille unie. Mission délicate puisque les parents de Napoléon sont en pleine rupture. Napoléon et Pépé vont tout faire pour les réconcilier...

Scénario et dessins dialoguent, se desservent l'un l'autre pour former une unité, un ensemble très réussi. 
La mort n'est pas tabou, elle perd sa dimension dramatique au profit de l'humour qui fonctionne à plein, tranches de rire assurées aussi bien pour les petits que pour les grands.
11 tomes prévus dont 4 publiés à ce jour.
A partir de 8-9 ans




mercredi 2 avril 2014

Barbara Constantine "Et puis, Paulette..."


Et puis, Paulette... Un titre énigmatique tout au long de la lecture de ce roman qui ne dévoile sa raison d'être qu'à la toute dernière page ! 
Barbara Constantine livre un petit bijou de lecture empreint de sensibilité et d'humanisme. Comme dans ses autres romans, elle brosse le portrait de classes populaires en milieu rural confrontées à des difficultés sociales, financières et familiales.
Il y a Ferdinand, retraité et veuf, empêtré dans sa difficulté à exprimer ses sentiments, Marceline et sa grande blessure en travers du cœur si longue à cicatriser, et puis Guy, qui doit apprendre à vivre sans Gaby, sa femme et partenaire de toute une vie, sans oublier les inséparables sœurs Lumière, Simone, 88 ans, et Hortense, 95 ans, qui par moment débloque complètement. 
Tous, avec leurs petits et grands soucis vont cohabiter dans la grande ferme de Ferdinand, leur colocation de "vieux" va s'ouvrir aux jeunes générations sur un échange de bons procédés : offre gîte, blanchisserie et couvert contre entretien du potager ou soins infirmiers. Une nouvelle famille de cœur se constitue et s'organise.
Le retour aux choses simples, la terre, les animaux, l'écologie, le partage, l'entraide, la solidarité et les liens intergénérationnels sont des thèmes récurrents dans les romans de Barbara Constantine, comme pour nous rappeler que l'essentiel est là. On rit et on pleure à la lecture de cette histoire légèrement enjolivée mais si touchante. 

"Et Simone s'est bouché les oreilles en murmurant : Ça y est, elle recommence à débloquer, quand elle s'est mise à chanter à tue-tête : Aïm ségué aine ze rêne,  aïm ségué aine ze rêne, ouate e biou tiful fi léne, aïm rapi e gaine... Un hommage au film qu'elle ne ratait sous aucun prétexte quand il passait à la télé, au moment de Noël. Elle n'avait jamais très bien compris l'histoire, ni ce qu'ils baragouinaient dans leurs chansons, mais ça lui plaisait bien que des gens se mettent à danser et à chanter sous la pluie en ayant l'air content. Elle trouvait ça épatant. On voyait jamais personne faire ça dans la vraie vie. A part les enfants. Et encore, fallait pas que les parents soient dans les parages..."

lundi 17 février 2014

Jeanne Ashbé "Attends, petit éléphant !"


"Tout vient à point à qui sait attendre". Petit éléphant veut aller dehors, pédaler sur son nouveau vélo tout de suite. Grand éléphant lui dit "Attends, je suis occupé".
Plus tard, Grand éléphant appelle petit éléphant à plusieurs reprises pour le goûter. Petit éléphant répond "Attends, je lis", "Attends je travaille", "Attends je joue". 
L'histoire se finit par un goûter et une balade à vélo, une façon très tendre d'aborder la patience, l'attente. L'éditeur a choisi de citer Francis Bacon sur la quatrième de couverture : "La fortune vend à qui se hâte une infinité de choses qu'elle donne à qui sait attendre".




Olivier Douzou "Reviens"




Un peu à la manière de Va t'en, grand monstre vert ! de Ed Emberley, le lecteur ordonne au monstre, au loup, à la sorcière... de partir. Fort de ce ton péremptoire, il est également muni d'un marteau qui lui permet de pulvériser ces personnages en terre cuite à l'aspect très effrayant. La petite lampe, quant à elle, diffusant une douce lumière reste là, ne bouge pas, ne se casse pas, si elle s'éteint, on hurle reviens ! Un très bel album pour exorciser ses peurs nocturnes.


 



mercredi 12 février 2014

Chloé Cruchaudet "Mauvais genre"






Au cœur des années folles, Paul et Louise s'aiment. Tout leur sourit mais à peine mariés, Paul doit partir sur le front de la grande guerre. L'horreur des tranchées s'impose à lui avec une seule idée : fuir. Paul se mutile la main afin d'être transféré à l'hôpital d'où il s'évade. Il rejoint Louise et trouve une planque. Très vite, l'enfermement lui pèse et Paul rêve de sortir. Un soir, après que Louise se soit déshabillée puis couchée, Paul enfile les vêtements de sa femme et s'offre une virée nocturne. Une vie de transgenre commence pour Paul qui devient Suzanne. 

Inspiré de faits réels, cette histoire rappelle le film de Xavier Dolan, Laurence Anyways abordant les différentes étapes et les épreuves par lesquelles passe le couple. Cette BD a obtenu le prix du public au festival d'Angoulême, prix bienvenu en ces temps de méprise autour de la théorie du genre à l'école. Quelle est la part de masculinité et de féminité en chacun de nous ? Une belle leçon de tolérance qui montre comment un travestissement octroyant la liberté devient un questionnement au plus profond du personnage sur son identité sexuelle.
 
Les belles planches dans les tons de rouge et noir accompagnent à merveille le texte, les touches de rouge soulignent certains détails comme un foulard, une jupe ou le vernis à ongle pour mettre en exergue la féminité des personnages, de même le sang en rouge et les séquences aux traits noirs accentuent la violence de la guerre et des disputes du couple.



dimanche 9 février 2014

Elise Fontenaille "Les trois soeurs et le dictateur"


Tout comme dans son roman Le garçon qui volait des avions, Elise Fontenaille met en scène des personnages qui ont réellement existé, plutôt méconnus en France et au destin hors du commun. 

Dans son dernier livre, elle a donc choisi de raconter l'histoire des sœurs Mirabal entrées en résistance contre le régime de terreur de Trujillo en République Dominicaine de 1930 à 1961.

La narratrice est une jeune californienne de 16 ans, petite fille de Minerva Mirabal, elle vient pour la première fois en République Dominicaine et y fait la connaissance de sa grand-tante qui va lui raconter l'histoire de ses trois sœurs.

Minerva Mirabal est adolescente lorsque le dictateur Trujillo l'a remarque. Son destin et celui de sa famille sont désormais entre les mains de ce fou sanguinaire et tout va se jouer aux dés, heureusement le sort est en faveur de la jeune fille mais pas pour longtemps...

Impossible de lâcher ce court roman de 71 pages. On en ressort muet d'admiration pour ces trois résistantes qui ont trouvé le courage de lutter contre l'inacceptable.

"Un jour, il n'est pas venu au rendez-vous... personne ne savait où il était passé. Ni Minerva, ni mon cousin, ni ses parents, ni ses camarades d'université...
Un mois plus tard, on a retrouvé son corps dans un fossé, affreusement torturé.
Quand elle a appris la nouvelle, Minerva a couru s'enfermer dans sa chambre. Elle n'en ai sortie que le lendemain, les yeux secs.
-J'aurais préféré qu'elle pleure, a dit maman, là je sens que quelque chose de terrible va nous arriver.
C'est à dater de ce jour - La mort de Pericles  - que Minerva est vraiment entrée en résistance."


dimanche 2 février 2014

Loïc Clément "Le temps des mitaines"


Arthur vient d’emménager aux Mitaines avec sa maman. Dans sa nouvelle école, on constate la disparition de plusieurs élèves le soir sur le trajet école-maison. Arthur et ses nouveaux amis mènent l'enquête et tentent de découvrir ce qui se cache derrière ces disparitions à répétition. Chacun des personnages de cette BD anthropomorphe est doté d'un pouvoir. Arthur est inquiet car le sien ne s'est pas encore révélé, alors que d'autres enfants de son âge ont déjà le leur.  

L'univers graphique très doux, haut en couleurs et mettant en scène des personnages animaux n'est pas sans rappeler celui de la série Hôtel étrange à la différence près que cette BD ne s'adresse pas aux plus jeunes avec ces 130 pages d'une lecture à suspens, remplie de considérations pré-adolescentes, des premiers émois amoureux à l'intégration au groupe. 

On aime le côté fantaisiste laissant la part belle au rêve, à l'imaginaire et à l'humour où l'arrosoir, le pot de miel servent de maison aux escargots et aux ours, les coquillages sont des téléphones. Pélagie la souris prend tout au pied de la lettre répond toujours à côté de la plaque, à l'inverse de Gonzague l'escargot intello dont les propos sont traduits par Willo la luciole pour les rendre compréhensibles aux autres.

A partir de 9-10 ans.




dimanche 19 janvier 2014

Christian Peultier "Nuage"






Nuage un prénom singulier pour une petite fille singulière. Née mystérieusement blanche dans un village d'Afrique d'une mère noire, Nuage est raillée et rejetée par les enfants du village.
La mère de Nuage a été chassée de son village d'origine et abandonnée par son mari à la naissance de leur fille, frappée selon le sorcier d'une malédiction divine, elle ne se montre pas particulièrement tendre envers cette enfant qui ne lui attire que des ennuis.
Le départ en taxi brousse pour rendre visite à une tante va marquer le début d'aventures et révéler l'étrange pouvoir la petite rouquine sur les animaux sauvages. Les gens commencent à regarder Nuage d'un autre œil.
Les dessins sont travaillés, pas du tout enfantins, il en va de même pour les couleurs dans les tons marrons et orangés évoquant la terre. Nuage est une belle histoire avec des thèmes universels, l'exclusion, la relation mère-fille, le respect de l'environnement loin des clichés de l'Afrique.
A partir de 8-9 ans.





jeudi 9 janvier 2014

Jean-Marie Omont "La balade de Yaya"


1937, la Chine entre en guerre avec le Japon, les bombardements commencent. Yaya, fille du plus gros diamantaire de Shangai rêve d'un brillant avenir de pianiste. Face aux évènements, ses parents décident de partir pour Hong-Kong et lui annoncent qu'elle ne pourra pas se rendre à l'école de musique afin d'y passer son concours de piano. 
Refusant la décision de ses parents, Yaya désobéit et part seule dans les rues ravagées par les tirs et les bombes. Elle rencontre alors Tuduo, petit garçon pauvre des rues exploité par un sale type nommé Zhu dont il cherche à échapper. Tous deux se retrouvent livrés à eux-mêmes, toujours poursuivis par Zhu, ils tentent de rejoindre les parents de Yaya.

Cette bande-dessinée aborde des thèmes traditionnels que l'on retrouve communément dans la littérature jeunesse : des orphelins, la richesse côtoyant la pauvreté, des personnages plutôt manichéens, des aventures bien rythmées... Une recette qui fonctionne à merveille appuyée par des dessins de toute beauté rappelant les mangas. 
A partir de 8-9 ans