jeudi 28 novembre 2013

Timothée de Fombelle "Victoria rêve"





Les rêves de Victoria l'emmènent loin, très loin de ce quotidien monotone qui rythme ses journées à Chaise-sur-le-Pont entourée de ses parents dont la seule excentricité est d'avoir, un soir, dansé un tango dans leur salon. Le père de Victoria porte des costumes couleur pigeon et travaille sur la production de pâté en tube à l'usine Manupadec. Pour échapper à l'ennui, Victoria a des rêves plein la tête, elle imagine qu'elle se bat avec un ennemi au visage tatoué à bord d'un bateau pirate, qu'elle possède un singe apprivoisé dans sa poche ou bien qu'elle porte un chapeau de mousquetaire pour se promener sous la lune.
Victoria est une enfant solitaire, elle n'a pas vraiment d'amis. Les murs de sa chambre ne sont pas recouverts de posters de chanteurs mais de livres qui nourrissent son imaginaire débordant. Or, depuis quelques jours Victoria constate que certains de ses livres ont disparu, son enquête va la mener du côté des Cheyennes et de Big Buffalo...

Le dernier roman de Timothée de Fombelle (lire l'excellente série en deux tomes Vango) est plein d'humour. Cette histoire moins légère qu'elle n'y paraît s'avère très touchante.

A partir de 9-10 ans

"Tous les deux savaient que Victoria ne passait jamais chez personne. Elle n'avait pas d'amis au sens habituel de ce terme pour des parents, ce mot "ami" qui caractérise toute personne avec laquelle leur enfant écoute de la musique en chaussettes dans une chambre pendant des heures en faisant les pieds aux murs.
Si Victoria avait des amis, ils portaient des katana de samouraï, des perruques poudrées, ou ils hantaient la jungle d'Amazonie avec des peintures de guerre. Si elle avait des amis, ils passaient à travers les murs et les pages des livres, ils sortaient le soir de sa penderie et s'appelaient Foster, l'éléphant à poil long échappé d'un cirque , ou Juana la petite danseuse espagnole qui parcourait la Russie."

lundi 25 novembre 2013

Isabelle Pandazopoulos "La Décision"



Ouch ! Une fois ouvert, difficile de refermer ce livre coup de poing !  

Cours des maths pour la classe de terminale S. Louise se sent mal, elle quitte le cours et se rend aux toilettes du lycée où elle donne naissance à un petit garçon. Déni de grossesse. La nouvelle tombe comme un couperet. Personne ne s'était rendu compte de cette grossesse, pas même Louise. Lorsqu'on lui demande qui est le père, Louise affirme qu'elle n'a jamais eu de relations sexuelles avec qui que se soit. Son affirmation est si invraisemblable... Louise dit-elle la vérité ?
Cette histoire est racontée à plusieurs voix, Louise, sa mère, son père, la psychologue, l'éducatrice, ses amis... Isabelle Pandazopoulos aborde avec un ton juste et beaucoup de délicatesse des sujets complexes. 

A partir de 14-15 ans.
A lire, le premier roman de Isabelle Pandazopoulos, On s'est juste embrassés

Alain Poirier, proviseur.
[...] Quand on est arrivés dans les toilettes, j'ai dit à Samuel de rejoindre ses camarades de classe. J'ai fermé cette porte et je me suis approché. 
J'ai vu sa main qui gisait inerte sur le sol et dans son sang. J'ai repoussé aussi loin que j'ai pu la panique que j'ai sentie monter, j'étais pris de vertiges, j'ai sorti le petit canif que j'ai toujours sur moi et je l'ai glissé dans le chambranle de la porte pour faire sauter le loquet. Je n'arrêtais pas de parler, de l'appeler, de lui dire ne pas s'inquiéter, que je m'occupais de tout, je m'entendais respirer, souffler, mon cœur cognait dans ma poitrine, dans ma tête, mes mains tremblaient contre ma volonté. Il m'a fallu enlever la porte de ses gonds, le corps de Louise bloquait l'entrée. Je l'ai fait, je l'ai posée dans un coin, je me suis retournée et puis j'ai vu. 
Cette petite chose qu'elle avait sur son ventre. 
Un bébé. 
Je me suis assis à côté d'eux. J'ai pris leur pouls. Ils étaient vivants. La mère et l'enfant. Louise avait dû s'évanouir. J'ai passé un peu d'eau sur son visage mais ça ne servait à rien. Je me sentais inutile. Je n'osais pas... Je me suis mis à pleurer. Et puis j'ai pris l'enfant dans mes bras et je l'ai serré contre moi pour le réchauffer. J'ai entendu son cœur battre contre le mien. Je ne pensais plus à rien. Pendant quelques instants, la seule chose qui a compté, alors que j'étais assis par terre dans les toilettes, les mains pleines de sang, c'est de sentir que cet enfant vivait."

lundi 11 novembre 2013

Johan Harstad "172 heures sur la Lune"




La NASA lance un grand concours destinés aux 14-18 ans à travers le monde pour gagner un séjour de 172 heures sur la lune en compagnie d'astronautes chevronnés. Des millions de jeunes tentent leur chance. Les grands gagnants sont : Mia, 16 ans, norvégienne; Midori, 16 ans, japonaise et Antoine, 17 ans, français. Ils quittent leur pays pour suivre un entraînement de trois mois à Houston avant le décollage de la fusée. 

Difficile de parler de ce roman sans trop en dévoiler... Le résumé, la couverture et le thème laisse penser qu'on est en plein dans un univers de science-fiction, pourtant 172 heures sur la Lune n'est pas un roman de SF pur, des phénomènes paranormaux vont apparaître au fil des pages de ce roman haletant. 
L'écriture souffre de quelques répétitions et longueurs, les 200 premières pages sont un peu laborieuses, mais accrochez-vous, vous ne serez pas déçus par ce livre inspiré de faits réels totalement prenant et angoissant. 

A partir de 13-14 ans.

"Et les uns à la suite des autres, l'équipage s'extirpa du module et descendit sur la surface de la Lune. Midori avait toutes les peines du monde à trouver un appui stable. La combinaison qui lui paraissait énorme, compliquait la locomotion. A chaque mouvement, elle était obligée de donner à son corps les instructions sur ce qu'il devait entreprendre, mais il ne semblait pas en état de suivre ses ordres. Tout à coup, elle sentit une main empoigner son talon et la guider au bas de l'échelle tout en entendant dans l'intercom Nadolski lui dire " Je te tiens". La minute suivante, elle avait les deux pieds solidement plantés dans la poussière grise."